Procédé d'inversion de négatif papier - 2
Ou
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin…
Malgré l'euphorie qui a suivi la première tentative d’inversion de négatif papier, il s'est passé plusieurs mois avant que je renouvelle l’expérience.
Loin d’être ma priorité, j’avais pourtant à coeur de remettre la main à la pâte et de tenter de venir à bout de cette étrange texture voilant les hautes lumières sur les photos de mon phasme séché.
J’ai visionné une seconde fois les vidéos du père Van Cleave pour voir si je n’avais pas raté une étape mais rien de nouveau de ce côté-là. J'entrepris donc de sonder les abimes du web à la recherche d’informations émanant des quelques geeks qui s’intéressent à ce procédé pour le moins bancale. De forum en forum, je suis tombé sur de nouvelles recettes de bains de blanchiment. Bingo. Le produit miracle serait du dichromate de sodium et de l’acide sulfurique, un tantinet toxique. Je découvrais dans la foulée son interdiction à la vente il y a peu. Le petit écolo qui vit en moi remerciait intérieurement la décision de l’Union Européenne alors que le photographe apprenti chimiste se voyait éviter un dilemme qui n’en était pas un.
Dans la foulée, je suis tombé sur une autre formule d’agent blanchissant à base de permanganate de potassium et de bisulfate de sodium. Nocif, à manipuler avec précaution mais toujours disponible sur le marché des aficionados du labo photo. Je décidais de tenter le coup et m’en suis procuré un peu de chaque. Pour la science et par curiosité avons-le.
Autre étape cruciale oubliée par Mr Van Cleave, le bain de clarification. A base de métabisulfate de sodium, il est censé nettoyer les résidus du blanchiment, autrement dis, je tenais peut-être le moyen de me débarrasser de cette drôle de texture.
Riche de mes nouvelles trouvailles, je me lançais dans la l’installation de mon éclairage et dans la préparation de ma prochaine expérience. Un petit camion en mécano, le premier construit en solo par mon fils, sur un bahut en bois. Mignon.
Côté labo, une bagatelle de 8 cuvettes savamment disposées s’étalaient sur le plan de travail. Révélateur, eau, trois fois, bain de blanchiment, de clarification, bain d’arrêt et fixateur.
Après toutes les mesures de lumière, ajustements et corrections de soufflets règlementaires, j’exposais enfin une première feuille. Je peux préciser pour les rares esthètes qui lirons cet indigeste compte-rendu que j’ai changé de papier depuis ma première tentative en février. Le Fomaspeed 312 à grade fixe a éclipsé le classique Ilford Multigrade suite à un poutch décisif dans ma pratique du négatif papier. Bref, s’en suivit le ballet des cuvettes pour découvrir que ma photo était clairement voilée… L’exposition avait l’air bonne, le petit chimiste qui se cachait en moi me dit que quelque chose avait dû capoter entre le blanchiment et la 2ème exposition. Qu’à cela ne tienne, je prenais donc une seconde photo!
L’augmentation du temps d’immersion dans le bain de blanchiment et du temps de ré-exposition du papier ont porté leurs fruits. L’image était un peu sombre et terne mais je me sentais tenir le bon bout. Et cerise sur le gâteau, les hautes lumières étaient exemptes de textures inopportunes.
La troisième serait la bonne, j’avais bon espoir.
Ni une ni deux, j’exposais une troisième feuille de papier photo pendant 2 petites minutes et trente longues secondes. Ma petite feuille se vit plongée dans une succession des différents bains pour finir par m’offrir un résultat que je qualifierait de concluant, voir satisfaisant. Mais loin de moi l’idée de me réjouir trop vite et trop longuement… comme je demeure un éternel rabat-joie, je terminais ma soirée d’apprenti chimiste en me disant que j’aurai pu prévoir que la teinte brun rouge de mon meuble sortirait fortement sous-exposé avec un papier photo noir et blanc qui est, comme qui dirait, orthochromatique.
Complètement insensible aux couleurs rouge le con… bref, du grain à moudre pour la prochaine session
