Northern Lights - Genèse

Je me lance dans une nouvelle aventure - faite de pochoirs, de light painting et de déambulations nocturnes - qui donnera lieu, si tout se passe comme je l’entends, à une exposition ainsi qu’à d’autres joyeusetés. Mais avant de balancer cette info sur la place publique, je vais rapidement revenir sur le projet Northern Lights réalisé au cours de l'expédition ATKA en mars 2018 ainsi que sa valorisation entre 2019 et aujourd'hui. Un projet qui aura fait gagner une expérience considérable à l’artiste qui sommeil en moi et qui aura aidé à dessiner les contours du prochain opus.

Faisons si vous le voulez bien un tour d’horizon de l’ensemble du travail effectué avec ATKA. 

Greffé in extremis à l’équipe pédagogique d'une expédition polaire, je gagnais par ce biais une place en résidence artistique sur un voilier pris dans les glaces du Groenland : ATKA. 

Je rejoignais une joyeuse bande de potes, de marins, d’animateurs et d’artistes qui préparaient une expédition dans les eaux arctiques avec pour mission d'animer un programme pédagogique autour de la photographie et du Grand Nord sous la bannière  d’Atka Polar School. Un défi en soi pour quelqu’un qui n’avais même jamais envisagé de passer son BAFA. J’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancé dans l’animation d'un projet pédagogique avec deux classes de CM1-CM2 à Metzeral et Chamonix. Après avoir posé cette question, Peut-on passer un message à travers l’art?, je leur ai proposé de monter un projet d’exposition pour la kermesse de fin d’année. Dans un premier temps, ils ont fait une étude de dessin sur la faune arctique puis ont imprimé leur oeuvres au cyanotype. 

Dans le même intervalle, je préparais un travail personnel autour de la culture Inuit, une dizaine de pochoirs que j’allais disposer sur la banquise durant mes deux semaines de résidence au Groenland. Sur place, je photographiais mes pochoirs ainsi qu’une cinquantaine de petits animaux dessinés par les scolaires qui suivaient l’expédition depuis la France. J’animais au passage un atelier de light painting avec une classe de jeunes groenlandais du village d’Oqaatsut. A mon retour, les jeunes découvrirent leurs dessins transformés en animaux de lumière sur la banquise groenlandaise. Par un tour de passe-passe, Michèle Rabbiosi, directrice de l’école de Chamonix, transforma le projet d’expo-kermesse en une véritable exposition à la Maison de Village d’Argentière avec petits fours, élus et tout ce qu’il fallait pour mettre des étoiles pleins les yeux des élèves. 

Bercé d’illusions, je imaginais qu’une sorte de tapis rouge allait se dérouler à mes pieds pour accueillir mon propre projet sur lequel j’avais travaillé si longuement. C’était probablement le travail photographique dans lequel j’avais jusque-là investi le plus de temps, mettant une bonne partie de mes compétences dans la balance, allant jusqu’à en acquérir de nouvelles. Une telle dévotion, un tel engagement ne pouvais que porter leurs fruits. De plus, je pouvais compter sur le fait de n’être pas seul à bord pour gérer la valorisation des différents projets artistiques produits durant la résidence d'hivernage.

Peut-être était-ce de la naïveté, peut-être un mal-entendu, ou je me suis peut-être simplement projeté un peu trop vite un peu trop loin, mais j’ai fini par comprendre que la valorisation des projets ne se passerait pas comme je l’avais imaginé. Tout comme les travaux des autres artistes ayant occupé une résidence sur ATKA, mon travail n'allait pas être porté vers les sommets de la gloire dans le sillage du voilier ATKA. Après la grande réunion de la famille au grand retour du voilier sur les côtes françaises et une sommaire présentation des projets de chacun, une méga bringue allait clore l’aventure… un peu trop vite à mon gout.

Resté sur ma fin, je ne trouvais pas le final à la hauteur de l'aventure. Une petite frustration avec un arrière goût d’eau de boudin qui me poussa à me retrousser les manches et à faire vivre ces photos de mon côté. Mes expériences collectives ne s’inscrivent pas dans la durée. Avec un coup de pouce le soutien de la Mairie de Chamonix j’ai pu imprimer l’exposition, j’ai fabriqué mes premiers cadres et j’ai commencé à chercher un lieu d’exposition. 

Une première exposition eut lieu dans la salle de dégustation des vins Schoenheitz à Wihr-au-Val. C’est au cours d’une petite sauterie viticole qu’on m’a proposé de soumettre l’exposition à un centre culturel de la région. Suite à quoi j’ai réfléchi au moyen de présenter ce projet d’une manière attractive qui me permettrait de rentrer dans mes frais. Jusqu’ici, plus d’argent était sorti de ma bourse qu’il n’en était rentré… C’est de cette manière que j’ai commencé à démarcher différentes médiathèques et centres culturels. 

Les diverses expositions de Northern Lights m’ont permis de cibler les atouts et les faiblesses d’un projet de ce type. Je tenais un format d’exposition complet (expo - atelier - conférence) qui avait fait ses preuves et sur lequel je pourrais m’appuyer pour la valorisation de mon futur projet.

Il contiendrait bien entendu ces incontournables pochoirs lumineux. Mais pas seulement. Avec le recul, ma série groenlandaise manquait de paysages nocturnes rythmant les photos aux apparitions lumineuses. Noté. L’immatérialité de ces fantômes du Grand Nord aurait pu trouver son pendant grâce à une série d’objet traditionnels, qu’à cela ne tienne je tiens l’occasion de corriger ces lacunes.